PFAS : la Ministre Tellier s'est exprimée au Parlement de Wallonie

La Ministre de l'Environnement Céline Tellier s'est exprimée ce mardi matin devant les députés du Parlement de Wallonie concernant la présence de PFAS dans l'environnement et dans les eaux de distribution wallonnes. Pendant plus de trois heures, la Ministre a répondu aux questions des députés et est revenue en toute transparence sur la chronologie détaillée des actions menées globalement pour lutter contre les PFAS, ainsi que sur le dossier de la contamination aux PFAS du puits de Chièvres. Elle a également détaillé le plan des actions prises à court et à moyen terme pour qu'en Wallonie, l’on passe d’une approche purement « légaliste » à une approche davantage « préventive ».

Ce mardi 14 novembre, la Ministre de l'Environnement Céline Tellier s'est exprimée en Commission Environnement du Parlement de Wallonie sur la gestion de la présence de PFAS dans l'environnement et les eaux de distribution wallonnes, récemment médiatisée au travers d’une émission de la RTBF. Durant la séance de la Commission, la Ministre a fait la transparence sur la chronologie complète du dossier du puits de Chièvres. Elle a également énuméré les mesures prises globalement pour protéger les Wallons et les Wallonnes face à leur exposition aux PFAS. La Ministre a rappelé ses actions prises depuis le début de la législature et a exposé le plan des contrôles et les mesures de gestion immédiates et à long terme des dépassements mis en lumière par la RTBF.

Chièvres : la Ministre n'a pas été alertée

Le 6 juillet 2021, la Ministre Tellier est interpellée en Commission Environnement du Parlement wallon au sujet d'un dépassement des normes américaines en PFAS en Commission de l'Environnement. Suite à cette interpellation, des analyses sont demandées le jour-même à l’Administration. La Ministre a par ailleurs informé oralement le Gouvernement wallon le 08 juillet 2021 sur ces éléments et annoncé des analyses.

Suite à ces premières analyses, les résultats reçus sur les 6 PFAS testés sont rassurants. La Ministre a par ailleurs communiqué ces résultats en septembre 2021, en bonne collaboration avec la Ville de Chièvres et les communes associées.

Le 30 septembre, sur proposition de l'Administration, la Ministre demande une adaptation du programme de contrôle de la SWDE afin d’inclure 20 PFAS et d’assurer un suivi mensuel. L’objectif étant de suivre l’évolution de la concentration en PFAS et de s’assurer que la situation reste stable. En octobre, la SWDE confirme avoir adapté son programme de contrôle conformément à sa demande et entame la suite des analyses.

Le 10 janvier 2022, un collaborateur du cabinet Tellier a bien reçu un mail « brut » de l’administration. Ce mail, qui n’a pas suivi la voie hiérarchique, tel que prévu au regard du protocole de collaboration entre le Gouvernement et l’Administration, ne comprenait aucune analyse, aucune alerte, aucune proposition d’action ni même de suivi. Ce mail comprend en outre une imposante annexe mentionnant pour chaque PFAS un statut d’alerte à « zéro ». Les chiffres ne sont pas non plus mis en référence par rapport à la future norme de 2026. Ces résultats ne remontent pas davantage à la Ministre par d’autres biais. Aucun courrier d’alerte ne lui a été adressé ni par la SWDE ni par le SPW. Le Conseil d’administration de la SWDE – où siège le Commissaire du Gouvernement – n’est pas non plus informé de ces résultats.

« A la question de savoir si j’ai été alertée à un moment ou à un autre et pris sciemment une décision de ne pas informer la population, la réponse est clairement non », précise Céline Tellier. « Je n’ai pas cessé un instant de penser aux personnes – autorités communales et citoyens qui sont inquiètes, en colère, ou en perte en confiance quant à la qualité de l’eau qu’elles ont consommée, et qui ont peur d’avoir pris un risque potentiel pour leur santé. Je comprends parfaitement qu’elles auraient souhaité recevoir davantage d’informations. Si j’avais été alertée clairement d’un risque avéré pour la santé des personnes, sans aucune hésitation, j’aurais exigé que des solutions alternatives soient trouvées en attendant la résolution du problème. Car je suis profondément attachée au principe de précaution, et je l’ai toujours été. C’est comme cela que j’ai toujours travaillé depuis que j’ai pris mes fonctions en septembre 2019. », poursuit-elle.

 

Un plan d'actions pour mesurer la présence de PFAS en Wallonie et sécuriser la population

Suite aux rencontres de ce jeudi 9 novembre avec les experts de l'Administration (SPW- ARNE, ISSEP), la SWDE et la Professeur Corinne Charlier, toxicologue au Centre hospitalier universitaire de Liège (CHU), mais aussi avec les communes concernées par les trois sites visés dans l’émission Investigation (Chièvres, Feluy et Nimy), la Ministre a proposé un plan d'actions immédiates et à court terme :

    • Un suivi environnemental détaillé : analyse des sols, eaux et potagers domestiques, etc. endéans le mois. Celui-ci permettra de définir un périmètre d’investigation plus précis ;
    • Un suivi sanitaire des personnes : suite aux analyses environnementales, les autorités communales pourront proposer des analyses de sang à leurs citoyens sur base volontaire, prises en charge financièrement par la Région wallonne.
    • Un suivi relatif à l'information aux citoyens via l'activation du numéro 1718, la mise en ligne d'une Foire aux questions sur le site du SPW et l'organisation de réunions citoyennes dans les communes qui le souhaitent, en présence de la SWDE et de l’administration.

En attendant les résultats de ces analyses et par principe de précaution, des recommandations préventives (ne pas consommer œufs et légumes du potager) ont été données. Le périmètre dans lequel s’appliquent ces recommandations sera précisé au plus vite, sur base des analyses environnementales.

La Ministre souhaite également clarifier les sites prioritaires à investiguer sur les communes concernées, identifiés par la RTBF.

Plus largement, la Ministre a sollicité auprès de son administration un cadastre complet de la présence des PFAS en Wallonie, dans les eaux souterraines ou les sols wallons. Ce travail est actuellement en cours.

Par ailleurs, elle veillera à accélérer l’analyse d’identification fine des entreprises (qui utilisent ou traitent ces substances) qui disposent d’un permis d’environnement, et fera mettre à jour, le cas échéant, le respect des normes en vue de l’entrée en vigueur du Décret relatif à l'eau potable en 2026.

 

Passer d’une approche strictement légaliste à une approche davantage préventive

Le cas du puits de Chièvres met en lumière un changement culturel majeur à soutenir encore davantage en Wallonie. Nous devons passer d’une approche strictement légaliste à une approche préventive, qui mette le principe de précaution au cœur de son action, jusqu’en profondeur dans les procédures de ses instances.

Des mesures complémentaires seront mises en place pour avancer en ce sens très concrètement, en ce qui concerne les PFAS :

    • La création de « seuils de vigilance »

Deux « seuils de vigilance », bien inférieurs à la future norme, seront mis en place – 30ng/l pour les 20 PFAS et 4ng/l pour les 4 PFAS les plus impactant (cf. recommandations de l'EFSA) – afin de définir des moments et des seuils de vigilance accrus et de mettre en place un protocole de communication clair et transparent à destination des citoyens et des communes pour leur permettre d’être éclairés et rassurés sur l’état des pollutions et les plans d’action associés.

    • La constitution d’un Conseil scientifique indépendant en matière de PFAS

La Ministre proposera prochainement au Gouvernement wallon la mise en place d’un Conseil scientifique indépendant en matière de PFAS. Ce Conseil aura notamment pour mission de conseiller les institutions publiques et nos administrations et UAP sur les PFAS et les meilleures actions à prendre, tant pour l’eau potable que pour les autres voies de transmission des polluants (eaux de surface, eaux souterraines, sols, alimentation, etc.). Ce Conseil pourra bien entendu suggérer une révision des normes.

 

 

Des dispositifs de préventions préexistants

La Ministre Tellier n'a pas attendu la médiatisation actuelle pour mettre en place des dispositifs de prévention à l’égard des PFAS. Parmi eux, le monitoring complet de la qualité de l'eau de distribution en Wallonie qui a débuté en septembre 2023 (au lieu de 2026 tel qu’imposé par la directive européenne), le renforcement des capacités d’analyse des services publics afin qu’ils disposent des outils de mesure adéquats, la préparation de la future norme (2026) de 100 ngl, ou encore la surveillance de la présence des PFAS dans le corps humain des Wallons à travers le biomonitoring humain.

 

 

Agir à la source en coupant le robinet de la pollution

Les PFAS sont partout et aucun recoin de la planète n'est épargné, c'est la conséquence de choix économiques et sociétaux réalisés ces dernières décennies. Depuis son arrivée au Gouvernement wallon, la Ministre Tellier s'est efforcée de réduire le goulot par où se déversent les PFAS sur la population avec pour objectif final de pouvoir y poser un bouchon définitif, en témoigne ses interpellations actives auprès des autorités européennes, notamment via la révision du Règlement REACH. C'est en effet la seule solution structurelle et durable pour atténuer les impacts négatifs des PFAS.

« La médiatisation importante sur les PFAS au départ du cas de Chièvres doit servir de tremplin pour amplifier et accélérer une stratégie globale de protection contre les PFAS. J’espère vivement que ce scandale va faire bouger les lignes de ceux qui refusent de réguler davantage et/ou de permettre d’interdire les PFAS ou d’autres substances chimiques toxiques. Pour le dire autrement, c’est l’arbre qui doit montrer la forêt », conclut Céline Tellier.

 

DOCUMENTS :

Vous trouverez via ce lien la présentation power point de la Ministre présenté en séance ainsi que le texte de son intervention devant les députés.

 

CONTACT PRESSE :

Estelle Toscanucci | Porte-parole de Céline TELLIER

estelle.toscanucci@gov.wallonie.be

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