Biomonitoring humain wallon(phase 2): les enfants encore trop exposés aux substances chimiques

La 2e phase de la première campagne de biosurveillance en Wallonie – biomonitoring - a été présentée, ce mercredi, par l’Institut Scientifique de Service public – ISSeP - en présence de la Ministre de l’Environnement, Céline Tellier. Après l’analyse, en 2021, de la présence de polluants et substances chimiques dans le corps de 828 Wallon.ne.s (nouveaux nés + ados + jeunes adultes), cette 2e phase se concentre sur les enfants âgés de 3 à 11 ans et sur de nouvelles substances recherchées dans les urines/prélèvements sanguins du panel de la 1re phase. Les premières conclusions montrent que les enfants sont encore trop exposés aux substances chimiques, bien que les niveaux d’exposition aux polluants analysés soient du même ordre que ceux observés dans d’autres pays européens.

Les niveaux d’imprégnation à une cinquantaine de substances chimiques tels les métaux lourds, les pesticides et les bisphénols ont été mesurés chez 602 enfants entre 3 et 11 ans. Les résultats globaux, présentés aujourd’hui, sont le fruit du travail réalisé par un consortium scientifique composé de l’Institut Scientifique de Service Public1 (ISSeP), du Centre Hospitalier Universitaire de Liège2 (CHU-Liège), de l’Université Catholique de Louvain3 (UCLouvain), des Cliniques Universitaires Saint-Luc (CUSL) et de Sciensano.

Parmi les résultats probants, on constate, par exemple que 99% des urines des enfants ont montré des traces d’au moins un insecticide, les concentrations étant d’ailleurs plus élevées chez les enfants que chez les adultes ou adolescents. Les PFAS sont également présents dans la très grande majorité des échantillons : sur les 7 PFAS analysés, cinq ont été quantifiés dans presque tous les échantillons de sang des adolescents et des adultes.

Céline Tellier, Ministre wallonne de l’Environnement : « Ce 2e biomonitoring wallon nous fournit une nouvelle salve de données claires sur la mesure de notre exposition aux polluants et substances chimiques. Il nous montre que, même très jeune, nous ne sommes malheureusement pas à l’abri, car ces polluants se cachent partout dans notre quotidien. Savoir à quoi on est exposé, qu’il s’agisse de pollutions actuelles ou plus anciennes, c’est nous donner les moyens d’y faire face avec les bonnes armes. Je constate que les Wallons ne sont pas plus exposés que les Flamands et que les autres Européens et que quand des politiques courageuses sont prises pour interdire certaines substances, on en ressent les effets positifs. Ces résultats doivent nous inciter à poursuivre notre travail quotidien pour un environnement plus sain en Wallonie. Car santé et environnement sont intimement liés. »

A l’issue de cette nouvelle étude, des valeurs de référence d’exposition ont pu être déterminées pour 33 substances, dont on retrouve des traces significatives, et ainsi être comparées à celles d’autres pays. On constate ainsi que les niveaux d’exposition retrouvés en Wallonie sont du même ordre que ceux retrouvés dans d’autres pays européens. Le seul dépassement de la valeur de risque pour la santé est constaté pour le cadmium (présent dans la fumée de cigarette, mais aussi dans certains produits alimentaires) chez 0,5% des enfants. Par ailleurs, les concentrations en bisphénol A dans la population d’enfants sont environ trois fois moins élevées que les concentrations mesurées dans l’urine d’enfants belges recrutés en 2011-2012. Cette diminution est le reflet de la baisse des niveaux d’exposition de la population suite aux restrictions et interdictions de l’utilisation du BPA au sein de l’Union Européenne depuis 2006. Cette diminution dans le temps de l’exposition est aussi perceptible pour certains pesticides désormais interdits en Europe ou pour l’exposition aux PFAS.

En identifiant les individus les plus exposés, et les substances problématiques, il est possible de mettre en évidence des conseils pour réduire l’exposition individuelle et de soutenir le développement de politiques qui réduisent l’exposition aux polluants et à des produits chimiques ayant un impact sur la santé.

La Wallonie dispose donc maintenant de nouvelles valeurs de référence pour surveiller l’exposition des Wallon.ne.s aux substances chimiques présentes dans l’environnement. D’autres analyses se poursuivront pour affiner les origines de cette présence de polluants. Une phase 3, concernant les 40 à 59 ans est d’ores et déjà en cours, de même qu’un biomonitoring spécifique concernant les riverain.e.s des broyeurs à métaux.

Pour la Ministre Tellier, « cette campagne de biosurveillance est un outil essentiel pour mieux comprendre le risque et donc protéger la santé des enfants, ados et adultes wallons. Il est important que les pouvoirs publics puissent se baser sur des données scientifiques pour agir et informer la population en toute transparence ».

 

CONTACT PRESSE :

Estelle Toscanucci | Porte-parole de Céline TELLIER

0479/88.40.41 estelle.toscanucci@gov.wallonie.be

 

Sophie Sleypenn | ISSEP

0496/74.04.08 – s.sleypenn@issep.be

 

L’étude complète des résultats et son résumé sont disponibles via ces deux liens : https://environnement.sante.wallonie.be/biomonitoring-wallon https://www.issep.be/biomonitoring

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