Des polluants interdits depuis 40 ans se retrouvent dans l’urine ou le sang des Wallons

La première campagne de biosurveillance en Wallonie – biomonitoring - a été présentée par l’Institut Scientifique de Service public – ISSeP - en présence de la Ministre de l’Environnement, Céline Tellier. Les analyses de sang et d’urine de 828 Wallons montrent une présence de plomb, de pesticides et de polluants organiques persistants, malgré des interdictions datant parfois d’il y a 40 ans. Cette exposition est globalement semblable aux valeurs observées ailleurs en Europe. La Wallonie dispose maintenant de premières valeurs de référence pour surveiller l’exposition des Wallons aux substances chimiques présentes dans l’environnement. D’autres analyses se poursuivront pour affiner les origines de cette présence de polluants. Un biomonitoring spécifique sera aussi organisé autour des broyeurs à métaux.

 

La première campagne de biosurveillance en Wallonie – biomonitoring - a été présentée par l’Institut Scientifique de Service public – ISSeP - en présence de la Ministre de l’Environnement, Céline Tellier. Les analyses de sang et d’urine de 828 Wallons montrent une présence de plomb, de pesticides et de polluants organiques persistants, malgré des interdictions datant parfois d’il y a 40 ans. Cette exposition est globalement semblable aux valeurs observées ailleurs en Europe. La Wallonie dispose maintenant de premières valeurs de référence pour surveiller l’exposition des Wallons aux substances chimiques présentes dans l’environnement. D’autres analyses se poursuivront pour affiner les origines de cette présence de polluants. Un biomonitoring spécifique sera aussi organisé autour des broyeurs à métaux.

1. Les pesticides toujours présents

 

Concernant les insecticides utilisés actuellement : au moins un produit de dégradation (métabolite) d’insecticides pyréthrinoïdes et d’insecticides organophosphorés a été détecté dans plus de 90% des échantillons d’urine des adolescents et des adultes.

Pour les produits comme l’herbicide glyphosate (interdit en usage privé en Belgique depuis le 1/6/2017), il se retrouve dans près d’un quart des échantillons d’urine. De plus, les concentrations mesurées chez les adolescents sont significativement supérieures à celles mesurées chez les adultes pour la grande majorité des pesticides actuels.

Concernant les pesticides anciens, interdits depuis plusieurs dizaines d’années, ils sont encore détectés chez 20% des participants adultes et adolescents. Ceci est dû à la persistance de ces molécules dans l’environnement durant de nombreuses années après leur utilisation.

Pour Céline Tellier, « les adolescents, en pleine puberté, sont particulièrement vulnérables et ces résultats nous rappellent à quel point réduire les pesticides comme les perturbateurs endocriniens est une nécessité pour protéger leur santé. Je pense aussi à la santé des adultes, en particulier les agriculteurs, qui manipulent ces produits au quotidien. L’Union européenne s’est engagée à réduire de moitié l’utilisation et les risques liés aux pesticides chimiques d’ici 2030. Je plaiderai pour que le Gouvernement wallon puisse intégrer ces nouvelles données dans les débats en cours sur la Politique agricole commune. Le temps presse car, même interdits, ces produits peuvent encore avoir des effets pendant plusieurs années ».

 

2. Les bisphénols diminuent

 

Concernant les bisphénols, le BPA, encore largement présent dans de nombreux produits de la vie de tous les jours (conserves, canettes, bouteilles en plastique, emballages, récipients en plastique, tickets de caisse thermiques, …,) est celui qui a été mesuré en plus grande quantité mais dans des concentrations nettement inférieures à celles rapportées dans toutes les études réalisées entre 2007 et 2017. Cela semble confirmer une tendance à la baisse dans le temps, résultant des différentes restrictions d’utilisation imposées en Europe et des campagnes de sensibilisation auprès des consommateurs (label « sans BPA »).

3. Présence de POPs et métaux toxiques

 

Malgré leur interdiction depuis plus de 40 ans, 6 polluants organiques persistants (POPs) comme les PCB et les pesticides anciens ont été retrouvés sur la vingtaine recherchés en particulier chez les ados et les adultes.

Des métaux toxiques comme le mercure, le cadmium et l’arsenic ont été retrouvés chez la grande majorité des Wallons. Leur présence a pu être reliée à la présence de plombage dentaire (Hg), à une consommation récente de poisson (Hg, As) et au tabac (Cd).

4. Trop de plomb dans le sang

 

Les valeurs de référence d’exposition du plomb sanguin déterminées pour les nouveau-nés et les adultes en Wallonie sont supérieures aux valeurs de risque sanitaire établies par l’EFSA (l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) et aux valeurs de vigilance françaises. En ce qui concerne le plomb, plusieurs facteurs d’explication existent comme le tabac, les peintures au plomb ou les vieilles conduites d’eau. Rappelons que les distributeurs wallons d’eau s’attellent depuis une quinzaine d’années à remplacer les raccordements en plomb sur les réseaux respectifs. Il y avait en 2007 plus de 100 000 raccordements en plombs, il en reste moins de 3000.

5. PCB et métaux lourds

 

Concernant les PCB, utilisés massivement jusque dans les années 70 pour leurs propriétés d’isolation électrique notamment, ils sont toujours présents après 40 ans d’interdiction. Les résultats ne montrent heureusement pas de dépassement de la valeur de risque pour la santé. Ces résultats devront être confirmés localement : en effet, à la demande de la Ministre Tellier, l’ISSeP prépare un biomonitoring spécifique autour des sites des broyeurs à métaux en Wallonie, qui sera prochainement lancé dans les communes concernées.

L’objectif est de mobiliser entre 50 et 100 personnes volontaires par site (adolescents si possible ou jeunes adultes), qui confieront à l’ISSeP un échantillon de sang et d’urine et de répondront à un questionnaire. Cette phase de recrutement devrait démarrer en décembre. L’analyse de ce biomonitoring portera plus globalement sur les polluants organiques persistants et les métaux lourds. Les résultats seront alors comparés avec ceux du Biomonitoring wallon portant sur l’ensemble de la population.

 

6. Analyses complémentaires et deuxième campagne de biosurveillance

 

Pour rappel, 828 Wallon.ne.s (dont 261 adultes de 20 à 39 ans, 283 adolescents de 12 à 19 ans et 284 nouveau-nés) se sont portés volontaires pour mesurer leurs niveaux d’imprégnation à une cinquantaine de substances chimiques. Les résultats personnels ont été communiqués aux participants en toute confidentialité. En cas de crainte pour la santé, les personnes sont invitées à contacter leur médecin pour analyser leur situation personnelle.

Cette campagne de biosurveillance a été réalisé par l’ISSEP, en partenariat avec les laboratoires de Toxicologie clinique, médico-légale, de l'environnement et en entreprise du CHU-Liège, le Louvain Centre for Toxicology and Applied Pharmacology (UCLouvain), les Cliniques Universitaires Saint-Luc et Sciensano.

Pour la Ministre Tellier, « cette campagne de biosurveillance est une première en Wallonie et nous donne une vue globale et des valeurs de référence de l’exposition de la population à une série de substances toxiques. Nous pourrons bientôt comparer de façon étendue les différences d’exposition selon les âges, le sexe, le type d’environnement, le niveau socio-économique, des habitudes de consommation, des comportements, etc., et ainsi adapter nos leviers d’action pour réduire cette exposition. C’est un outil essentiel pour mieux comprendre le risque et donc protéger la santé des Wallon.ne.s. »

D’autres analyses vont maintenant être faites pour comparer le type d’environnement des participants (urbain, agricole, …) et les habitudes de vie. La phase 2 du biomonitoring complètera cette photographie inédite de la population wallonne avec de nouvelles classes d’âge et des catégories de substances supplémentaires, dont certains per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont en cours d’investigation.

CONTACTS PRESSE :

Nathalie Guilmin | Porte-parole de Céline TELLIER

081/25 39 70 – nathalie.guilmin@gov.wallonie.be

Fabrice Terlonge | ISSEP

0495 54 53 54 - f.terlonge@issep.be

L’étude complète des résultats et son résumé sont disponibles via ces deux liens :

https://environnement.sante.wallonie.be/biomonitoring-wallon

https://www.issep.be/biomonitoring

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